Extraits divers relatifs à Eudes Le Maire et la franchise de Chalo Saint Mard (1668-1938)


Année 1668


Abrégé Chronologique de l'Histoire de France, par le Sr de Mezeray, Hiftoriographe de France. ( Troisième partie, Tome VI - Ed Amsterdam, chez Abraham Wolfgang, l'an 1688)
Suite de la troisième partie, contenant le règne de Henri IV, surnommé le Grand, Roy LXII. 

p.212
[...]
Afin de faire venir les Finances dans le grand canal de l'Efpargne, il [le Marquis de Rofny] s'eftudia d'abors à déboucher les fources d'où elles devoient couler, & à boucher tous les faux-fuyants par où elles se perdoient. Il fe commettoit des abus énormes aux levées des deniers qui fe faifoient par commiffions extraordinaires; Et c'eftoient la couftume des gents du Conseil de faire donner les adjudications à grand marché, afin d'avoir part aux profit : Pour le premier, il ordonna aux Receveurs de faire recepte de ves deniers comme des autres; Et pour le fecond, ayant reconnu que les Sous-fermes, montoient à deux fois autant que les Adjudications generales, il ferma la main aux grands Traittants, & commanda que tout fuft voituré à l'Efpargne. Du refte, il fe rendit dans peu de temps tellement maiftre dy Confeil des Finances, qu'il en retrancha toutes les grivelées, & fit voir à ces grands hommes d'Eftat, que pour fa charge il n'eftoit pas befoin de tant de politique & de lumieres, mais feulement d'eftre laborieux a de fçavoir augmenter & retrancher.
Les plus clairs revenus du Roy eftoient alienez ou engagez aux plus grands Seigneurs, il leur affigna leur payement à l'Efpargne, & remit toutes ces alienations dans les mains du Roy, qui les fit valoir au double & au triple. Il abolit auffi toutes les

p. 213
les levées qui avoient eftablies à leur profit & fans autre autorité que celle de lal icence des guerres civiles. Il fit pareillement revoquer tous les privileges qui avoient esté accordez depuis trente ans, comme auffi toutes les lettres de Noblesse depuis ce temps là. Le Roy Henri III en avoit vendu mille dans la feule Normandie: Et on difoit que fouf l'ombre de cette profufion, il en avoit esté debité deux fois autant. On fit valoir à ces Gentilhommes de parchemin, l'exemption dont il savoient joüy depuis ce temps-là, pour leur rembourfement. Ce fut lors que ce fameux privilege qu'on appeloit la Franchise de Chalo Sainct Mars, fut entierement aboly.
[...]



Année 1752


Abrégé du dictionnaire universel François et Latin, vulgairement appellé Dictionnaire de Trévoux . Contenant la fignification, la définition a l'explication de tous les termes de Science & Arts, de Théologie, de Jurifprudence, de Belles-Lettres, d'Hiftoire, de Géographie, de Chronomogie, &c. Par M. Berthelin, avocat au Parlement Profeffeur à l'Ecole Royale-Militaire, affocié à l'Académie Royale des Belles-Lettres d'Angers, & Maître-ès-Arts de l'Université de Paris (Tome deuxième - Paris - M. DCC. LXII. )

FRANCHISE
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p.283
[...]
FRANCHISE de Challo S. Mard, pour St. Médard.
   Beau privilège de Nobleffe accordé par Philippe I. Roi de France à la famille d'Eude le Maire. Les femmes de cette lignée avoient droit d'ennoblir leurs maris, & les enfans qui en naîtroient. V. le D. de Tr.
[...]


Année 1753


Histoire de la Pairie de France et du Parlement de Paris, où l'on traite auffi des Electeurs de l'Empire, & du Cardinalat. Par Monsieur D. B. (Henri de Boulainvilliers ?)( Nouvelle Edition - Tome Premier - A Londres, chez Samuel Harding -  M. D. CC. LIII)

Chapitre XIX - De la Nobleffe, & de l'ancienne Chevalerie de France & des Chevaliers des Ordres du Roi.

p.131
[...]
J'en ai peut-être affez dit dans le Traité précédent, pour faire concevoir ce que c'étoit que notre Nobleffe & notre ancienne Chevalerie de France; mais comme j'ai donné des Chapitres pour chaque Dignité, & comme le tiers-Etat a le fien dans cet Ouvrage, il n'eft pas mal-à-propos d'en dédier un à un fujet fi confidérable, & dont on parle très-fouvent avec plus de préfomption que de fçavoir. Il y a peu de gens qui ne croyent que toutes les chofes fe font faites de tout temps comme nous les voyons aujourd'hui, & qui n'ajoûtaffent


p.132
foi à des lettres de Nobleffe de Hugues Capet, ou qui n'affublaffent fur le bruit qu'à fait la franchife octroyée à Eudes le Maire, qu'on a depuis appellé la franchife de Chalo faint Mards, qu'on annoblissoit dès le temps de Philippe premier, quoique cette franchife ne fût qu'un pur affranchiffement de fervitude. C'eft fur ce fondement & fur la Préface de toutes les lettres de Nobleffe, qu'on dit comme un axiome indubitable, qui la Noblesse vient de la vertu; mais cela n'eft abfolument vrai que dans l'ufage moderne; encore me permettra-t-on de faire une diftinction, & tout le monde doit être convaincu qu'il y en a une réelle entre ceux que le feul mérite fait annoblir, & ces gens nouveaux qui achetent des Lettres ou Charges qui mettent la Nobleffe dans leurs familles.
[...]


Dictionnaire militaire, portatif, contenant tous les termes propres à la guerre; Sur ce qui regarde la Tactique, le Génie, l'Artillerie, la Subiftance, la Difcipline des Troupes, & la Marine  (Tome Troisième, par M.DML.C.D.B. (François-Alexandre Aubert de la Chesnaye-Desbois, Gissey, David, Bordelet) A Paris - M.DCC. LVIII )

SENECHAL.
[...]

 p.365
[...]
La plus ancienne dignité eft celle de Grand Sénéchal de France. Elle fut créée par Lothaire en  faveur de Geoffroy Comte d'Anjou, furnommé Grisegonnelle. Cette charge fut attachée par Louis le Gros au titre de Conte d'Anjou, & ceffa d'être remplie par Philippe Auguste, fous qui elle devint vacante. Il paroît que le Grand Sénéchal étoit en  même temps Grand Maître de la Maison du Roi. Il avoit fous lui un Lieutenant, qu'on nommoit le Sénéchal de France, dont la charge fut eteinte auffi sous Philippe-Auguste.
Les Grands Sénéchaux de France ont été,
    Geoffroy I. Comte d'Anjou, furnommé Grifonelle, fous Lothaire I. l'an 978.
    Guillaume fous Henri I. en 1060.
    Raoul fous le même Roi, en 1079.
    Hugues, dit Eudes Chalo, en 1083.
    Gervais en 1085.
    Guy de Monthlery, dit le Rouge, en 1093.
[...]



 Année 1759


Nouveau Traité de Diplomatique.
Nouveau Traité de Diplomatique où l'on examine les Fondements de cet Art : on établit des règles sur le discernement des titres. Et l'on expose historiquement les caractères des bulles pontificales et des diplomes donnés en chaque siècle avec des éclaircissemnets sur un nombre considérable de points d'Histoire, de Chronologie, de Litterature, de Critique et de Disciplines; & la réfutation de diverses accusations intentées contre beaucoup d'archives célèbres, & sur tout contre celles des anciennes Eglises.
Par deux religieux bénédictins de la congrégation de S. Maur - Tome quatrième (Paris, chez Guillaume Desprez Imprimeur du Roi & Clergé des France, rue  Jacques, à St Propser & aux trois Vertus - M. DCCLIX )

Chapitre VIII 

 p.412
[...]
Le sceau royal a toujours tenu lieu de tous les autres. Nous voyons bien les grands Officiers de la couronne signer, ou plutôt faire écrire leurs noms en bas des chartes des Rois de la troisième race; mais y ont-ils jamais aposé leurs sceaux avec celui du Roi ? Trois Prélats (d) savoir André abbé de S. Magloire, Affelin abbé de S. Victor, & Thibaut abbé de sainte Geneviève ateftèrent avoir vu en original le fameux privilège que Philippe I. donna au palais d'Etampes l'an 1085 à Eudes le Maire de Chalo, pour avoir aquitté le voeu du roi en alant au S. Sépulchre de Jerufalem. Les trois abbés ajoutèrent que les fceaux de jean maître d'Hôtel, de Gaffon de Poiffy Connétable, de Payen-Ancel de Senlis Bouteiller
(d) De La Roque, traité de la nobl. Rouen 1734. F. 158

p.413
& de Gui frère de Galeran étoient apofés à ce diplome. En fupofant la vérité de l'ateftation, ne pouroit-on pas croire que ces abbés voyant la lettre S avant chaque nom fouffigné lui auront fait fignifier figillum au lieu de fignum, & en auront conclu que les Seigneurs ou grands Officiers de la couronne avoient apofé leurs sceaux au privilège fingulier acordé à Eudes le Maire, dit Chalo-faint-Mars; c'eft-à-dire, Maire de Chaillou dédié à S. Médard ? Par une femblable méprife le célèbre abbé Fleuri dit que (a) la charte de fondation de l'abbaie de Cluni fut munie de fceaux de plufieurs Seigneurs, quoique D. Mabillon n'y ait vu que des fignatures. Quoiqu'il en soit du privilège de Chalo de S. Mard; pour rendre les chartes plus authentiques les Rois & les Princes des bas tems y apofèrent quelquefois tous les fceaux dont ils fe fervoient.
(a) Hist Eccles. t. XX l. 54. p. 654
[...]


Dictionnaire historique, littéraire et critique . Contenant une idée abrgée de la Vie & des Ouvrages des Hommes illuftres en tout genre, de tout tems & de tout pays. (Tome IV - Avignon - M. DCC. LIX. )

MAIRE
[...]

p.293
[...]
L'Hiftoire nous offre plufieurs autres perfonnes du même nom [Maire]; Eudes le Maire, valet de chambre de Philippe I, qui feul fe chargea dans le onzième fiècle, d'accomplir le voeu du Roi fon Maître. Il alla pour lui à pied & armé, avec un cierge à la main, à la Terre-Sainte. A fon retour le Roi lui donna la terre de Châlo-faint-Mard, ou Médard près d'Etampes; & par un privilège qu'il y ajouta, fef Defcendans furent exempts de tous fubfides pendant plus de cinq siècles. Cette exemption fut abolie par Henri IV, parce qu'un très-grand nombre de familles prétendoit defcendre d'Eudes, fans pouvoir le prouver;
[...]


Année 1774


Les Loisirs du Chevalier d'Eon de Beaumont - Ancien Ministre Plénipotentiaire de la France Sur Divers sujets importants d'Administration, etc. pendant Son séjour en Angleterre (Tome onzième  Ed Amsterdam - MDCCLXXIV )

Chapitre IX - Tailles & Impôts sous le regne des Bourbons.

 p.227
[...]
Afin de faire venir les finances au tréfor royal, qui en eft le véritable centre, le Marquis de Rhosny s'étudia à déboucher toutes les sources d'où elles devoient y couler & à fermer tous les faux-fuyans par où elles se perdoient. Il fe rendit maître du conseil des finances, & il fit voir que, pour fa charge, il ne falloit ni tant de politique ni tant de lumieres : mais qu'afin d'y réuffir, il fufiffoit d'être laborieux & économe.
Il retira le domaine aliéné, abolit les levées qui avoient été établies fans autorité, révoqué les privileges accordés depuis trente ans, & particuliérement la franchife accordée par Louis XI à Eudes, le maire, die Chalo de S. Mas, dont les descendans furent affujettis à la Taille, par édit du mois de janvier 1598.
[...]

 

Année 1775


Recherches critiques, historiques et topographiques sur la Ville de Paris, depuis ses commencements connus jusqu'à présent; Par le Sr Jaillot, géographe ordinaire du Roi (Paris - M. DCC. LXXV )

Quartier de la Place Maubert 

 p.162
[...]
L'abbaye Saint-Victor. Nous avons une foule de monuments qui atteftent la célébrité de cette Abbaye, ainfi que le nombre de Savants & des Hommes illuftres qu'elle a produits; mais je n'en ai point trouvé qui conftatent fa véritable origine, ainfi que je ne puis me livrer à cet égard qu'à des conjonctures. Les Annales manufcrites de cette maison font mention d'un Monaftère exiftant avant le XIIème fiècle; la Chronique d'Albéric (c) parle d'un Prieuré de Moines noirs de Marfeille, & celle de Jumieges de l'établiffement de Chanoines Réguliers dans unlieu hors la Ville de Paris, où il y avoit une Chapelle de S. Victor Martyr. Pour prouver cette exiftence, du Boulai (d) & les Historiens de Paris (e) citent une Charte de Philippe I, de 1085, foufcrite par Anfelme, Abbé de S. Victor de Paris. M. Piganiol (f) en conclud qu'alors il y avoit en ce lieu une Communauté de Moines dont cet Anfelme étoit fupérieur. L'Abbé Lebeuf (g) n'avoit apparemment fait aucunes recherche à ce fujet,
(c) Ad annum 129.
(d) Hift Univ. Parif. t.2, p.24 & 39.
(e) Hift de Parif. t.1, p.145.
(f) Tom. 5,  p.260.
(g) Tom. 2,  p.542.

p.163
puifqu'il dit qu'il fera permis d'en douter jufqu'à ce qu'on produife cette Charte, qu'il n'a vue nulle part.C'eft affurément fa faute, car elle fe trouve tranfcrite dans les Registres du Châtelet (h), & imprimée dans le P. Labbe (i), dans les Antiquités de la Ville & du Duché d'Etampes, par Bafile Fleureau (k), dans Chopin (l), la Roque (m), favyn, &c. (n). Je ne diffimulerai cependant pas que cette Charte porte avec elle des caractères de fufpicion auxquels il n'eft guère poffible de fe réfufer, pour peu qu'on foit verfé dans la Chronologie; il n'y eft point fait mention ds Moines e S. Victor, comme le dit M. Pigagniol, elle leur eft abfolument étrangère; mais il eft vrai qu'elle paroît foufcrite par Frère André, Abbé de S. Magloire, Frère Anfelme, Abbé de S. Victor, Frère Thibaud, Abbé de Ste Généviève. Comment ceux qui ont cité cett eprétendue Charte ne fe feont-ils pas aperçus que le temps où ces Abbés ont vécu, eft poftérieur de plus de 150 ans au règne de Philippe I ? Il eft aisé de prouver, I° qu'en 1085 Hilgotus était Doyen de Ste Geneviève; Haimon Abbé de S. Magloire, & qu'il n'y en avait point de S. Victor; 2° qu'il n'y a jamais eu d'Anselme Abbé de S. Victor; 3° qu'on peut faire la même observation fur les autres fignatures des principaux Officiers de la Couronne, dont les noms font différents de ceux qui remplissoient alors les premières charges de l'Etat. J'ai donc lieu de conjecturer que cette Charte n'eft
(h) Livre blanc, fol. 25.
(i) Nova Bibl manufc, t.1, p.655.
(k) Ed. de 1683, p78 & 79.
(l) De facra Pol. For liv 3, tit 2, n° 21 de l'édit de 1589.
(m) Traité de la Noblesse, ed de 1678, chap 44
(n) Hist de Navarre, liv 18, p. 1143

p.164
pas plus vraie que le prétendu voyage d'Eudes le Maire à Jérufalem, pour raifon duquel on dit que cette Charte lui fut accordée. Mais en fupofant qu'elle foit à l'abri de tout foupçon, il feroit toujours vrai de dire que les trois Abbés nommés ci-deffus n'ont pu foufcrire l'original de cette Charte, puifqu'elle leur eft antérieure de plus de 150 ans, & que leurs fignatures, fi elles font vraies, n'ont été appofées qu'à une copie. Cela eft d'autant plus probable, qu'ils n'ont pas figné comme témoins; ils certifient fimplement qu'ils ont vu & lu cette Charte : Teftificor me vidiffe privilegium illuftriffimi Regis Philippi, & verbo ad verbum legiffe prout continetur in proefenti scripto. Je me confirme d'autant plus dans cette opinion, qu'elle me paroît juftifiée par la copie même de cette Charte : elle eft fignée d'abord par les grands Officiers de la Couronne, fuivant l'ufage alors établi; enfuite par ceux qui étoient préfents, interfuerent; après font les fignatures de ceux qui certifient l'avoir vue & lue, ce qui femble indiquer qu'ils n'étoient pas préfents, mais qu'on leur a repréfenté ce titre, qu'ils ont lu & dont ils rendent témoignage. Eh ! comment auroient-ils pu être préfents aloes ? André étoit Abbé de S; Magloire en 1248; la même année Afcelin, Abbé de S. Victor, mal-à-propos nommé Anfelme, affifta Guillaume III, Evêque de Paris, dans les derniers moments de fa vie, & nous avons une Bulle d'Innocent IV, adreffée en 1249, à Thibaud, Abbé de Ste Geneviève (o).
[...]
(o) Gail. Chrift. t. 7, col 316, 677 & 741.

 

Année 1780


Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Par une société de gens de lettres. Mis en ordre et publié par M. Diderot & quant à la partie Mathématique, par M. D'Alembert (Tome XXIII  A Lausanne et à Berne - MDCCLXXX)

NOBLESSE

 p.17
[...]
NOBLESSE par lettres, eft celle qui provient de lettres d'annobliffement accordées par le prince.
M. d'Hozier dans l'hiftoire d'Amanzé, rapporte une charte d'anobliffement du 24 juin 1008 mais cete charte eft fufpecte.

p.18
D'autres prétendent que les premieres letres d'annobliffement furent données en 1095 par Philippe I, à Eudes le Maire, dit Chalo S. Mars.
On fait encore mention de quelques autres lettres de noblesse données par Philippe Auguste.
Mais il eft plus certain qu'ils commencerent fous Philippe III, car il fe voit un annobliffement de ce temps qu'il accorda à Raoul l'orfèvre.
[...]


Année 1782


Encyclopédie Méthodique . Jurisprudence, dédiée et présentée a Monseigneur Hue de Miromesnile, Garde des Sceaux de France,&c. Par Jacques-Philibert Rousselot de Surgy (Tome Premier -  Paris - M. DCC. LXXXII. )

ANNOBLISSEMENT
[...]

 p.358
[...]
Origine des anobliffemens. Les auteurs varient fur l'époque des premières lettres d'anobliffement. M. d'Hozier, dans son hiftoire d'Amanzée, en rapporte une charte de l'an 1008; mais elle est fufpecte.
D'autres prétendent que les premières lettres d'anobliffement furent données en 1095, par Philippe I, à Eudes le maire, dit Chalo Saint-Mars. Mais il eft plus probable que le premier anobliffement par lettres fut fait en 1271, par Philippe-le-Hardi, fils de S. Louis, en faveur du nommé Raoul, orfèvre.
[...]



Année 1783


Collection de décisions nouvelles et de notions relatives à la jurisprudence . Donnée par Me Denisart (Tome Second-  Paris - M. DCC. LXXXIII. )

ANNOBLISSEMENT
[...]

 p.91
[...]
4. On a quelque fois regardé comme des chartes d'anobliffemens, des lettres qui accordoient feulement des exemptions de tailles & autres impofitions.
Telles font les lettres accordées l'an 1085 à Eudes la Maire, dit Chalo Saint-Mars, & à toute fa postérité, dont il est parlé avec détail dans le Traité de la Roque, pag. 158 & suiv;
[...]



Année 1785


Oeuvres complètes de Voltaire .  (Tome dix-septième - 1785 )

Chapitre XCVIII - De la nobleffe
 
p.492
[...]
Anobliffemens très anciens. Les rois de France, par exemple, commencèrent par anoblir les bourgeois, en leur conférant des titres fans terres. On prétend qu'on a trouvé dans le tréfor des chartes de France les lettres d'annobliffement que Philippe I donna à un bourgeois de Paris nommé Eudes le Maire. Il faut bien que St Louis eût anobli son barbier la Broffe, puifqu'il le fit fon chambellan. Philippe III, qui anoblit Raoul fon argentier, n'eft donc pas, comme on le dit, le premier roi qui fe foit arrogé le droit de changer l'état des hommes. Philippe le Bel donna de même le titre de noble & écuyer, de miles, au bourgeois Bertrand, & à quelques autres; tous les rois fuivirent cet exemple. Philippe de Valois anoblit Simon de Buci, préfident au parlement, & Nicole Taupin fa femme.
[...]



Année 1788


Nouvelle description des environs de Paris, contenant des détails historiques & descriptifs des Maisons Royales, des Villes, Bourgs, Villages, Châteaux, et remarquables par des usages ou des évènemens singuliers, & par des beautés de la Nature & des Arts. - Seconde édition, dédiée au roi de Suède, par J.A. Dulaure   (Première partie, chez Lejay, Libraire, rue Neuve des Petits Champs, près celle de Richelieu, au Grand Corneille. - M. DCC. LXXXVIII.)

Etampes.
[...]

 p.234
[...]
Plufieurs Hiftoriens françois racontent que Philippe Ier, ayant fait voeu d'aller en pélérinage au faint Sépulcre de Jérusalem, & ayant de bonnes raifons pour ne pas l'accomplir, un particulier d'Etampes, nommé Eudes Lemaire, dit Chalo ou Chaillou de Saint-Mard, s'offrit de faire le voyage an fa place, armé de toutes pièces. Le Roi, charmé de trouver quelqu'un qui lui évitât cette courfe, & qui pût remplir entièrement fon voeu, l'exempta de tous péages, tributs & autres droits, pour lui & pour toutz fa race, de l'un & de l'autre fexe : ces exemptions, confirmées par des Rois, fe multiplièrent avec la famille, de telle forte que François Ier les diminua de beaucoup, & Henri IV les fit entièrement ceffer.
[...]



Année 1818


L'Art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques; et autres anciens monuments, depuis la naissance de Notre-Seigneur . Par un religieux de la congrégation de Saint-Maur (Tome onzième - Paris - 1818 )

Chronologie des Barons, Comtes, puis Ducs d'Etampes
[...]

p.449
[...]
Nous regarderons comme également douteuse l'histoire d'Eudes le Maire, dit Chalo ou Chaillou de Saint-Mars, habitant d'Etampes, qui, s'étant acquitté, dit-on, pour le roi Philippe Ier, d'un voeu que ce prince avait fait dans une maladie d'aller en pèlerinage au saint Sépulcre, obtint pour sa récompense un privilége d'exemption de tous péages, tributs et autres droits, pour lui et toute sa race de l'un et de l'autre sexe. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'une famille très nombreusen qui se prétendait issue de cet Eudes le Maire, jouissait anciennement (mâles et femellesà de ce privilège, que le roi Jean confirma l'an 1360, et que le roi François Ier réduisit au droit de franchise à l'égard de tout ce que ceux de la famille de Chalo léveraient sur leurs propres fonds, les assujétissant à tous les autres péages. Henri IV fit plus : il ordonna, l'an 1610, que tous les descendants de Chalo de Saint-Mars paieraient la taille et autres droits.
[...]



Année 1819


Recherches sur la Bretagne . Par M. Delaporte (Tome premier - Rennes - 1819 )

Origine et réformation de la noblesse
[...]

p.252
[...]
Depuis la fin du 4e siècle jusqu'au commencement du 12e, il n'y eut dans l'Armorique que des seigneurs et des serfs. Dans le 12e et le 13e

p.253
les habitans des villes recouvrèrent partie de leurs droits, et le fardeau du servage fut allégé.
Annoblissement
Quelques-uns de ceux qui devinrent libre désirèrent de jouir des avantages que possédaient les seigneurs, ou pour parler comme madame de Stael, des individus d'origine gauloise demandèrent au prince la permission de jouir des privilèges que s'étaient arrogés ceux qui avaient vaincu leurs pères. Les rois de France acquiescèrent aux demandes de ce genre, et les ducs de Bretagne les imitèrent.
Philippe Ier anoblit, en 1095, Eude, le maire; Saint-Louis anoblit la Brosse, son chirurgien et son barbier; Philippe le Hardi anoblit Raoul, son trésorier; Philippe le Bel donna le titre de noble et d'écuyer à Bertand, bourgeois, et Philippe de Valois accorda le même honneur à Simon Buci, président, ainsi qu'à Nicole Taupin, sa femme : leurs successeurs anoblirent aussi beaucoup d'individus. [...]



Année 1824


Dictionnaire de la pénalité dans toutes les parties du monde connu. Par M. B. Saint-Edme (Tome Premier - Paris - 1824 )

AFRANCHISSEMENT
[...]

 p.157
[...]
Les premier affranchissements eurent lieu bien antérieurement à Louis IX. Vers le commencement de la troisième race, le monarque donnait quelquefois à certains serfs en particulier, des lettres par lesquelles ils étaient réputés bourgeois du roi, et cessaient d'être serfs. Les seigneurs

p.158
donnaient aussi de semblables lettre sà leurs serfs, qui, dès-lors, étaient réputés bourgeois de ces seigneurs. On voit par une charte du mois de mars 1085, que Philippe Ier affranchit les enfans d'Eude le Maire, dit Challo-Saint-Mas, et leur accorda l'exemption d'impôts à cause du voyage de leur père à la Terre-Sainte.
[...]


Année 1832


Recherches chronoloqiques, historiques et politiques sur la Champagne. Sur les Villes, Bourgs, Villages et Monastères du Pays d'Artois. Par Charles-Maxime de Torcy ( Troyes - 1832 )

 p.343
[...]
L'origine de cette noblesse par lettres, remonte, selon quelques auteurs, jusqu'à Robert, fils du roi Hugues, et selon d'autres, le roi Philippe I est le premier de nos rois aui ait conédé des lettres d'anoblissements à Eudes le maire, en reconnaissance de ce qu'il exécuta pour sa majesté le voeu qu'elle avait fait d'aller à Jérusalem visiter le saint-sépulcre.
[...]



Année 1838


Collestion des Meilleurs Dissertations, Notices et Traités particuliers relatifs à l'Histoire de France, composée en grande partie de pièces rares, ou qui n'ont jamais été publiées séparément, pour servir à compléter toutes les collections de mémoire sur cette matière. Par Constant Leber (Tome onzième -  Paris- 1838 )

Notice supplémantaire sur l'Etat de le Noblesse en France depuis le neuvième siècle
[...]

 p.246
Les historiens sont partagés sur l'époque des premiers annoblissemens. Il y en a qui prétendent que Philippe Ier accorda des lettres d'annoblissements à Eudes le Maire, en reconnaissance de ce qu'il avait exécuté, pour le roi, le voeu que ce monarque avait fait d'aller visiter le Saint Sépulcre, et d'autres pour le même

p.247
motif, à Victor Brodeau, de Tours; mais ces dernières sont évidemment supposées; et quant aux premières, il est bien certain que ce n'est qu'un privilège d'exemption de tous péages, tributs et autres droits poru le nommé Eudes le Maire, dit Chalo Saint-Mars, pour lui et pour ses descendans, sans que ces lettres emportassent la noblesse, c'est-à-dire le droit de posséder des fiefs. Dans la suite, les descandans d'Eudes le Maire prétendirent être réellement nobles; mais cette prétention fut rejetée par plusieurs de nos rois; et Henri IV rendit même, en 1601, une déclaration par laquelle cette famille fut soumise aux tailles comme tous les roturiers.
[...]



Année 1844


La France au temps des croisades, ou recherche sur les moeurs et coutumes des français aux XIIème et XIIIème siècles. Par Vincent Victor Henri de Vaublanc (Tome I -  Paris- 1844)

Noblesse
[...]

 p. 113
[...]
On a dit qu'il n'y eut pas d'annoblissement véritable avant celui de Raoul l'orfèvre, anobli par Philippe-le-Hardi. En effet, ce qu'on raconte d'Eudes de Challon est plutôt un affranchissement qu'un annoblissement.

p.114
Philippe Ier avait fait voeu d'aller le casque en tête, visière baissée, l'épée au cou et la cotte de mailles sur le dos, visiter le tombeau du Sauveur et y déposer ses armes; maisl 'exécution de ce voeu lui paraissait fort embarrassante, lorsque le dévouement d'Eudes, maire de Challon-Saint-Mard, vint à son secours. Eudes partit à la place du roi, qui prenait ses six enfants sous sa garde, et termina le pélerinage en deux ans; il déposa les armes de Philippe sur le Saint-Sépulcre, on les y voyait encore long-temps après, accompagnées d'une tablette d'airain, qui témoignait de l'accomplissement du voeu. A son retour (1085), le roi déclara que tout héritier mâle issu d'Ansold, fils d'Eudes, ou de l'une de ses filles, serait affranchi. Il donna la terre de Challon (ou Chaslo-Saint-Mas, près d'Etampes), aux héritiers d'Eudes et à leurs descendants, pour la tenir en fief, avec franchise de tout impôt et de toute justice des serviteurs du roi, et n'être justiciable que du roi même.Moins de deux cent ans après, saint Louis déclara les descendants d'Eudes exemptés du guet, à Paris. S'il faut en croire les historiens, ils étaient déjà au nombre de plus de trois mille. On n'en comptait plus que deux cent cinquante-trois en 1592; le privilège fut aboli en 1602 (1).

(1) Historiens de France, in-fol., préf. XIV, lxxj, et Sainte-Marthe, Histoire gén. de la monarchie franç., I. II. .Voyez aussi le second volume de Montfaucon, Monuments de la monarchie.
L'existence du privilège octroyé par Philippe Ier a été contestée. Il est difficile de la révoquer en doute, puisque les abbés de Saint-Victor, Saint-Magloire, et Sainte-Geneviève, ont déclaré avoir vu ce privilège.


[...]

Année 1861


Bibliothèque de l'Ecole des Chartes . Par Société de l'Ecole des Chartes - Anatole de Barthélémy(Ed Droz - Paris - Périodique, année 1861)

Recherches sur la noblesse maternelle.
[...]

 p.152
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Mais on alla encore plus loin : il se trouva des gens qui se prétendaient nobles parce qu'ils descendaient de roturiers affranchis ; deux exemples curieux termineront cette étude sur la prétendue transmission de la noblesse par les femmes.
Au commencement du seizième siècle on comptais, à Etampes, deux cent personnes qui toutes se disaient nobles comme descendant, soit par mes hommes, soit par les femmes, de Eudes, maire de Challou, en 1088. Je ne rappellerai pas ici l'histoire de Eudes et du pèlerinage qu'il accomplit à Jérusalem, au lieu et place du roi Philippe Ier : on la trouve dans tous les ouvrages qui traitent des origines de la nobless. Je dirai seulement que la charte de Philippe Ier, en supposant que son authenticité soit incontestable, mentionne un affranchissement et non pas un
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anoblissement : or, pendant le moyen âge, et tant qu'il y eut des serfs, l'acte qui transformait le serf en franc-bourgeois était parfaitement différent de celui qui transformait le franc-bourgeois en noble.
D'après l'acte de 1088, le roi prenait sous sa garde les enfants d'Eudes : il donnait aux descendants mâles le privilège d'affranchir les serves du roi qu'ils épouseraient; les serfs du roi, en épousant des femmes descendant d'Eudes, restaient, ainsi que leurs héritiers, dans le même état. Je donne, en note, le texte que l'on a si singulièrement compris jusqu'en 1602, époque à laquelle le parlement rendit une sentence définitive contre ces prétentions, que les rois, déjà auparavant, avaient repoussées1.
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1. 1085, mars : "Concessit (rex) Ansaldo et quinque sororibus suis (enfants de Odo, major de Chalo) Odoni filiabus, pro amore Dei et sola caritatis gracia et Sancti Sepulcri reverencia; quod si heredes masculi ex ipsis existentes, feminas jugo servitutis detentas matrimonio duxerint, liberabat, et a vinculo servilutis absolvebat; si vero servi Regi femina de genere beredum Odonis maritali lege duxissent, ipse com herebidus suis de servitude Regis essent. Rex autem heredibus Odonis et eorum heredibus majoriam suam de Chalo, et homines suos custodiendos in feodo concessit, ita quod pro nullo famulorum Regis nisi pro solo rege justiciam facerent, et quod in tota terra Regis nullam consuetudinem prestent, etc."

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Année 1866


Histoire du Diocèse et de la Ville de Chartres. Par J. B. Souchet, Officiel et Chanoine de l'Eglise Notre-Dame de Chartres (Tome Premier - Paris - 1866 - Publiée d'après le manuscrit original de la Bibliothèque de Chartres)

Chapitre XIV - Du pays et ville de Dourdan, Hurepoix, Aulneau, Espernon, Gallardon et autres lieux voisins.
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De Dourdan l'on va par Châlo-Saint-Mars, pour aller gaigner le long du diocèse d'Orléans, le Blésois et Dunois.C'estoit de ce lieu d'où Eudes le Maire, dit Châlo-Saint-Mars, avoit prins sa naissance; à la mémoire duquel, comme estant issu de sa famille, je doibs ceste remarque, que comme dès mongtemps Philippes I, toy de France, pour amour et charité (je me sers des propres temres des lettres du roy); et en révérence et honneur du Saint-Sépulchre d'outre-mer, auquel il s'estoit voué,

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avoit donné charge et envoyé, pour faire ledit voyage, un nommé Eudes le Maire, son serviteur et familier, et pour la charge qu'il avoit tant de ménage que de sa femme et de six petits enfants, lesquels il print en sa garde, et pour le récompenser, laissa, donna et libéralement octroya ausdits Eudes le Maire, sadite femme, et à ceux de leur postérité à nais et à naistre, privilège qu'ils fussent francs et exempts de tous péages, barrages, ports, passages, navaiges, plaisages, entrées de vin, vingtiesme, douziesme et huitiesme, taille, taillons, fortifications, corvées, emprunts, travers, coutumes, bois, chandelles, gardes, droits, gabelles et tous autres droits domaniaux, levés et à lever (1), et de toutes autres charges et servitudes quelconques : lesquels provilèges avoient esté depuis confirmés par les roys de France, ses successeurs, qui, affin que les descendants dudit Eudes sceussent à qui avoir recours quand aucun empeschement leur seroit donné, auroient commis les Maistres des resquestes de l'Hostel; commissaires, gardiens et conservateurs desdits priviléges et juges, pour congnoistre, juger, discuter et terminer de toutes questions, procés et débats qui pourroient sourdre au moyen et pour raison d'iceux, qui auroient esté enregistrés ès registres des ordonnances de leur cour et auditoire su Palais à Paris. J'ay entre mes mains les lettres de feu Guillaume Souchet, mon bisaïeul, qui jouissoit desdits privilèges, à cause de Jeanne du Temple, sa femme , fille de Jean du Temple, et Agnès Chartier, qui, de père en fils, estoient descendus dudit Eudes le Maire, et n'ont eté ostés à ceux de sa famille qu'en 1578, et encore par arrest du 24 mai 1596, par l'opinistreté de quelques-uns d'icelle qui les vouloient trop estendre.
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(1) Chopin, de sacra politica, tit. II, art. 21 et 22, et de jurisd. Andegav., lib I, art. 9 Bouteraye, lib. I, Hist Franc., p.269. Lebret, en ses Arrests. 


Du Droit Nobiliaire Français au dix-neuvième siècle . Par Alfred Levesque, Avocat à la cour impériale de Paris ( Paris - 1866 )

Chapitre Quatrième - De l'acquisition et de la transmission des titres et autres signes nobiliaires ou réputés tels - Première partie - Titres - 1/ Des sources de la noblesse sous le régime féodal.
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p.73
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55. Nous avons supposé tout à l'heure que les ancêtres nobles pouvaient n'appartenir qu'à l'une des lignes (paternelle ou maternelle). La généralité de ces termes implique allusion à une sorte de noblesse qui  peut être classée ici à titre de branche de la noblesse de race : c'est la nobless utérine.
La noblesse utérine constitue une exception à la règle que les femmes ne perpétuent pas la race; cette noblesse, comme son nom l'indique, ex utero descendit; c'est pour elle qu'à été faite la formule : le ventre annoblit. C'est donc celle qui se transmet des mères aux enfants.
56. M. de Sémainville 1 distingue quatre espèces de noblesse utérine : I° La noblees utérine de sang royal; 2° la noblesse utérine de dignité féodale; 3° la noblesse utéine par charte spéciale; 4° la noblesse utérine coutumière.

1 Code de la noblesse française, p.206 et suiv.
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58. [...] En effet, cette abolition était une nécessité et, comme on dirait aujourd'hui, un signe du temps où écrivait Loyseau (premières années su dix-septimèe siècle). A la royauté dfodale, chef d'une fédération de petits Etats, avait succédé la royauté nationale et unitaire, qui prétendait enserrer tout le pays dans un réseau de pouvoirs émanés d'elle et concentrer dans sa main toutes les forces de la France; la suzeraineté s'était faite souveraineté; elle ne voulait plus de vassaux, mais des fonctionnaires. De là des necessités fiscales toujours croissantes; de là, par conséquent, une querre chaque jour plus vive contre les immunités nobiliaires. La haine de les immu-(nités)

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(immu-)nités et le désir de les restreindre perce à chaque ligne dans les "actions" d'un contemporain de Loyseau, l'avocat général Lebret, "cet oracle de la cour des Aides 1 ". Or les transmiisions féminines étaient une cause énergique de la multiplication des privilégiés; pour un citer une preuve, rappelons avev M. Guizot 2 que les descendants d'Eudes, maire de Challou-Saint-Mard, anobli par Philippe Ier en 1088 avec toute sa postérité, étaient sous saint Louis au nombre de plus de trois mille ! La noblesse utérine devait donc être un des buts principaux des attaques de gens du Rois; et ces attaques ne respectent même pas les anciennes concessions royales, témoin cette même descendance d'Eudes de Challou-Saint-Mard, dont, par arrêt de 1602, le parlement de Paris supprima le privilège.
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1 Loyseau, Traité des ordres, ch. V, n°41.
2 Histoire de la civilisation en France, t. IV, p.319 (édition de 1846).



Année 1885


La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et de arts, par une Société de savants et de gens de lettres. Direction collective (Tome 10 -  Paris- 1885-1902)

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CHALO-SAINT-MARS (Eudes Le Maire, dit), personnage qui paraît avoir vécu au XIè siècle, mais sur lequel manque tout témoignage contemporain. D'après une légende qui ne s'est fixée qu'au XVIè siècle, il avait obtenu du roi Philippe Ier le privilège d'être exempt d'impôts, lui et toute sa descendance, pour avoir accompli à Jérusalem un voeu fait imprudemment par le roi de France. Il est vrai que d'autres opinions placent l'aventure sous Philippe-Auguste ou même sous Philippe le Bel. Quoi qu'il en soit, il est question du personnage pour la première fois dans un diplôme royal de 1336. A cette époque " les hoirs ou aians cause de feu Eudes de Chalo" obtiennent du roi Philippe VI la reconstitution d'un soi-disant privilège antérieur de huit années, que le séjour dans un trou de muraille aurait détruit, ratifiant lui-même un prétendu privilège de Philippe Ier attesté par une notice qui en aurait été faite par trois abbés au milieu du XIIIè siècle. Ce document informe et suspect se bornait du reste à accorder quelques privilèges de franchise et l'hérédité de l'office de maire aux héritiers d'un certain Eudes, maire de la communauté rurale de Chalo, près d'Etampes, lequel, mû par un sentiment de piété, avait fait le pélerinage de Terre-Sainte.Les soi-disant descendants de ce personnages réussisent à faire admettre par la chancellerie royale leurs prétentions, à en faire obtenir confirmation de tous les souverains qui succédèrent à Philippe VI, et à faire interpréter dans le sens d'une exemption totale de toutes taxes, péages, impôts de tousgenres, pour toute la descendance d'Eudes le Maire. Cette lignée, au XVIè siècle, s'était singulièrement accrue; elle avait des représentants dans tout le royaume, et ceux e Paris s'organisèrent en communauté, élurent un syndic annuel de la "franchise", prirent des armoiries, figurèrent dans certaines cérémonies, intentèrent et soutinrent des procès. Ils furent même assez puissants pour lutter contre le roi lorsqu'on voulut examiner d'un peu près l'origine d'un privilège qui devenait singlièrement onéreux pour le trésor, et le restreindre. Ils comptaient en effet des affiliés dans les cours souveraines et dans les conseils de la couronne, et avaient les maîtres des requêtes pour conservateurs de leurs privilèges. Plusieurs fois aboli, le privilège survécut grâce à ces connivences, aux arrêts de suppression jusqu'en 1752 qu'il fut jugé définitivement par d'Hozier, qui n'avait pu obtenir communication des titres. Jusqu'à cette date, quelques milliers de personnes, riches commerçants pour la plupart, avaient réussi, sur la foi d'un titre faux ou altéré et qui, dans tous les cas, ne disait rien de semblable, à se faire passer pour annoblis et à jouir d'une exemption d'impôts à peu près complète.
Bibl. : N. VALOIS, le Privilège de Chalo-Saint-Mars dans l'Annuaire-bulletin de la Société de l'Histoire de France, pour 1887.
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Année 1907


Annales de la société historique et archéologique du Gâtinais. (Tome 25-  Fontainebleau- 1907)

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Eude Le Maire. - Le second fiscalin Etampois dont nous voulons parler est Eude, dit de Chalo-Saint-Mard. Une légende entoure son nom, qui eut, pendant des siècles, une fortune extraordinaire. On peut en dégager quelques faits assez vraisemblables. A la fin du XIè siècle, Eude partit en pélerinage à Jérusalem, avec le consentement nécessaire du roi Philippe Ier. En témoignage de satisfaction pour cet acte pieux, le monarque lui accorda des privilèges 1, ou, sinon à lui-même, du moins à ses descendants. Avec le temps, les descendants finirent par forcer l'interprétation du privilège. Ils en arrivèrent même à se croire ennoblis. De nombreux arrêts consacrèrent d'ailleurs leurs prétentions; mais le nombre de privilégiés s'étant consi-(dérablement)

1 Voici quels étaient ces privilèges : Les héritiers D'Eude se transmettraient la mairie de Chalo; les héritiers et les autres habitants du lieu relèveraient directement de la justice du roi; ils ne pairaient aucune coutume; enfin, si les descendants mâles venaient à épouser des serves, ils n'en resteraient pas moins fiscalin du roi, et si les descendantes fiscalines épousaient des serfs, ceux-ci deviendraient fiscalins. Ces dernières clauses sont basées sur le fait que les fiscalins étaient considérés comme affarnchis : ils formaient une classe privilégiée de serfs; mais aussi elles avaient pour but de réserver les droits du monarque sur les individus, et d'empêcher le décroissement de la "famille du roi".

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(consi-)dérablement mulitplié et répandu partout, les gouvernements finirent par les traiter comme un péril public. Finalement, très tard, vers le XVIIè siècle, on s'aperçut que l'acte sur lequel reposaient toutes ces prétentions n'avait aucune valeur juridique, et les Parlements cessèrent de prêter plus longtemps la main aux abus de la lignée de Chalo-Saint-Mard.
Les paléographes modernes ont achevé de discréditer l'unique document de la cause. Le diplôme original, daté de 1085, ayant été détruit, il s'agit d'une sorte de vidimus irrégulièrement fait. M. Achille Luchaire le qualifie de "document remanié, peu intelligible et sans valeur historique"; pour M. Noël Valois, qui a le mieux travaillé à éclaircir la question, c'est une simple "notice" qui a remplacé des actes déjà "falsifiés". Quant à toute l'histoire elle-même, M. Noël Valois la traite de "mystification". Le terme ne nous parait pas exagéré, tout en admettant que le fiscalin Eude a existé et que Philippe Ier a accordé à ses premiers descendants des privilèges, en somme assez ordinaire 1.

1. Voici seulement les principaux auteurs qui se sont occupés d'Eude le Maire : André Favyn, Histoire de Navarre, Paris, 1612, p.1146; - d'Hozier, Armorial Général de la noblesse de France, Paris, 1752, reg. III, 2è partie, Orléans, folio 20 v°; - Fleureau. p.77-91; - Montfaucon, Monuments de la Monarchie française, t. II, p.216; - Montrond, op. cit, t.1, p.75; - Menault, Morigny, op. cit., p.10; - Luchaire, Institut monarchique capéitennes, t. II, p.123; - Noel Valois, Le privilège de Chalo-Saint-Mard, extrait de l'Annuaire-Bulletin de la Société de l'Histoire de France, Paris, 1887; - Léon Marquis, Histoire du pélerin Eudes-le-Maire, Etampes, 1897; - Noël Valois, Note complémentaire sur le privilège de Chalo-Saint-Mard, t. XXXIII, 1896; - Alf. Besnard, La lignée de Chalo Saint-Mard, extrait de La Revue des questions héraldiques, archéologiques et historiques, Vannes, 1899; - Max. Legrand, op. cit. (Arrondissement), p.231-240.
On cite dans la lignée des noms fameux : Mathieu Molé, Noailles, Ayen,


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Il est en effet certain que, dans la campagne des environs d'Etampes, par suite de circonstances différentes et d'interventions diverses, les serfs du dernier degré devaient être extrémement rares et vivaient seulement sur des terres où le roi et les établissement ecclésiastiques étaient sans autorité, et n'avaient pu y accomplir des affranchissements partiels.
Les serfs des grandes abbayes comme Saint-Denis ou Saont-Victor 1 étaient assimilés aux fiscalins ou serfs royaux 2. Aussitôt que des moines de Morigny-lès-Etampes, nouvellement établis dans le pays, se furent débarassés de leur propriétaire féodal, le comte du Puiset, ils réalisèrent sans tarder l'affranchissement de leurs serfs avec l'autorisation de Philippe Ier et de son fils Louis le Gros, à ce moment roi désigné 3.

Montholon, Le Fèvre d'Ormesson, Aguesseau, Ségur, Rochechouart, Mortemart, Avaray, Uzès, Crussol, Chastellux, La Fayette, etc. (A. Besnard, op cit.)
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Année 1938


La grande histoire d'une petite ville : Etampes. Par René de Saint-Périer ( 1938 ) (source : Corpus Etampois)

Chapitre II : la Renaissance
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Son corps [Anne de Bretagne], pour être inhumé à Saint-Denis, fut accompagné sur toute la route d'un long cortège, composé de princes et de princesses de sang montés sur des mules noires, des dames d'honneur, sur des haquenées conduites par des valets de pied, des archers du roi, qui marchaient en tête pour écarter la foule et enfin, des Suisses de la garde, qui faisaient la haie de chaque côté, la hallebarde sur l'épaule. Le convoi quitta Blois le 4 février pour n'arriver que le 12 à Paris. Au passage d'Etampes, les échevins, en robes et chaperons de deuil, les officiers de justice
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et tout le peuple l'attendaient à la porte de Saint-Martin. En outre, se joignirent au cortège des hommes qui portaient un millier de torches armoriées, quatre cents aux armes de la reine, quatre cents aux armes d'Etampes; les deux cent autres étaient aux armes du fameux Eudes le Maire, de Châlo-Saint-Mard, dont nous parlerons plus loin, parce qu'elles étaient portées par des chevaliers descendants de lui et que leur charge consistait à venir au devant des princes morts, de passage à Etampes, et à veiller leur corps.
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Chapitre VIII - L'ancien arrondissement d'Etampes

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Canton d'Etampes
Boissy le Sec

Cette commune du grand plateau de beauce connut, dès le moyen âge, une certaine notoriété. C'est de Boissy qu'étaient originaires Godefroy et Etienne Chartier, personnages se rattachant directement à la lognée d'Eudes le Maire, dont nous parlerons à propos de Châlo-Saint6mard, qui fondèrent à Paris, derrière Saint-André des Arts, en 1359, un collège où l'on enseignait la théologie, le droit

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et les lettres. Il devint célèbre sous le nom de collège de Boissy et le principal devait appartenir à la lignée d'Eudes-le-Maire.
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Chalo-Saint-Mard

Ce village fut au XIe siècle le berceau du fameux Eudes le Maire, personnage dont la postérité connut une fortune singulière. C’est lui qui prit la charge d’accomplir le vœu qu’avait formé, vers 1080, le roi Philippe Ier de faire le pèlerinage de Jérusalem à pied et armé de toutes pièces. Ce vœu imprudent n’avait pas été imposé au roi comme pénitence, car «l’histoire ne nous apprend pas, dit Fleureau, qu’il eût encore commis de crimes énormes comme il en commit depuis». Aussi les prélats du royaume, craignant des désordres en son absence, se joignirent-ils aux seigneurs pour lui conseiller d’y renoncer. Le roi voulut au moins faire exécuter son vœu par un autre et c’est ainsi que son fidèle serviteur, Eudes le Maire, accomplit cette odyssée, peut-être à demi-légendaire, pour laquelle il employa deux années «tant à cause de la longueur et de la difficulté du chemin que pour le poids des armes dont il était chargé». Il méritait certes une récompense et celle que lui aurait accordée le roi était considérable: il l’exemptait avec toute sa famille et tous ceux qui descendraient de lui, de tous péages, tributs et autres droits. Par cette étonnante franchise, tous ses descendants étaient nobles et affranchis d’impôts, même issus de l’union d’une fille de la lignée d’Eudes avec un serf et vice versa. On conçoit dès lors que le mariage avec l’un de ses descendants si privilégiés fût extrêmement recherché «jusqu’aux frontières du royaume» et que la lignée ne risquât point de s’éteindre: elle se multiplia si bien qu’au XVIe siècle, on ne comptait pas moins de 7 à 8.000 «hoirs Chalo», comme on les appelait. Cette belle famille possédait à Étampes une chambre, «lieu voûté» destiné à la conservation de ses titres et quatre descendants de la lignée étaient préposés à leur garde. En revanche, elle était astreinte à certains devoirs, comme celui de veiller le corps des rois de passage à Étampes, ainsi que nous l’avons vu lors du convoi de la reine Anne de Bretagne se rendant à Saint-Denis. Cependant, comme la France entière eût fini par descendre d’Eudes le Maire pour ne plus payer d’impôts, des rois soucieux de leur budget commencèrent d’apporter des restrictions à l’exorbitante franchise. Henri IV crut l’avoir abolie par un édit de 1601, mais les héritiers d’Eudes conservèrent encore longtemps des privilèges considérables, fondés non pas seulement sur une simple tradition, mais encore sur une mystification. En effet, la charte originale de Philippe Ier a disparu, non par la seule faute «du temps qui consume tout ou du malheur des guerres qui furent grandes en France», comme le croit le bon Fleureau, mais bien plutôt parce qu’elle ne concédait que des avantages limités, semblables à ceux que les rois du XIe et du XIIe siècles accordaient habituellement: les descendants mâles d’Eudes le Maire, s’ils épousaient des filles serves échapperaient malgré cela, au rebours de la coutume, à la condition

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servile. Mais les héritiers du pèlerin ne s’en contentèrent pas. Ils fabriquèrent un diplôme qui satisfaisait mieux leur avidité, en empruntant les formules solennelles des actes authentiques et les souscriptions des grands officiers, et plus tard, ils y substituèrent une notice qu’ils eurent l’adresse de faire homologuer par la chancellerie de Philippe VI. Mais ils avaient commis dans leur rédaction quelques erreurs qui déjà les avaient fait soupçonner de supercherie par le généalogiste d’Hozier, au XVIIe siècle, et qui ont permis à l’érudition moderne d’affirmer la falsification. Il reste de cette bien curieuse histoire, outre une foule de pièces d’archives, des armoiries écartelées de celles de Jérusalem, qui avaient été octroyées, sinon au pèlerin lui-même, étant donné la haute époque, du moins à ses enfants et que leurs innombrables descendants ajoutèrent à leurs propres armes. C’est ainsi qu’on les retrouve quelquefois sur des écussons de notre région. En outre, elles sont sculptées sur des clefs de voûte de l’église de Chalo.
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